Bien élaborer le budget de sa collectivité !
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C’est le 28 février dernier que s’est déroulé au centre culturel Charles Rocchi à Biguglia, une formation organisée par l’Association des Maires de la Haute-Corse et la municipalité en vue de mieux appréhender l’élaboration des budgets communaux en particulier pour les élus ruraux.
La session de formation venait à point nommé puisque les budgets des collectivités locales pour l’année en cours sont votés et approuvés par les conseils municipaux, communautaires ou par l’Assemblée de Corse à la fin du mois de mars ou durant les premiers jours d’avril. Comprendre, interpréter et réaliser un budget nécessite de connaitre les fondamentaux, de savoir le fonctionnement, la répartition des rôles entre l’exécutif (le maire) et l’assemblée délibérante (son conseil municipal). Enfin, il y a les opérations comptables, les crédits d’engagement, les équilibres à respecter entre les recettes et les dépenses, les marges de manœuvre, l’investissement, la situation de la trésorerie, les budgets annexes… Pour les littéraires, il y a de quoi se perdre dans cette jungle administrative, technique et financière. Les matheux, de leur côté, s’y retrouveront plus facilement même si les contraintes évoluent sans cesse dans ce domaine. D’où la nécessité de se tenir à jour à travers la riche documentation que l’on peut trouver sur Internet notamment sur le site de l’Association des Maires de France. Dans ce contexte, l’Association des Maires de la Haute-Corse organisait récemment à Biguglia, un atelier destiné aux élus locaux, aux cadres et aux responsables de finances de mairies. Plus d’une quarantaine de personnes ont écouté les conseils avisés de Martine Jolibois, formatrice et ancienne directrice des finances de la mairie de Bastia et Marilyne Massoni, adjointe au maire de Biguglia.
Pour Olivier Bardin, le directeur de l’Association des Maires de la Haute-Corse, cette formation sur ce thème essentiel des finances locales est une première étape : « Nous n’avons pas l’agrément pour donner des formations payantes. Le parti qui a été pris par l’Association des Maires a été celui d’offrir les formations aux maires, aux élus locaux et aux agents de la territoriale. Ces formations sont donc payées en grande partie par les cotisations des communes. Du coup, c’est important de bénéficier de leur aide et de leur soutien. »
Une première à Biguglia : « C’était une volonté des élus de Biguglia qui souhaitaient se former. Nous nous sommes rapprochés de l’Association des Maires pour organiser cet atelier ensemble, le faire partager à d’autres élus et mettre en place une formation sur ce thème des finances car c’est d’actualité. Les communes sont en train d’élaborer leur budget. Cette formation a attiré beaucoup de monde, la demande était donc très forte alors que nous n’avions pas beaucoup forcé sur la communication. » a souligné Marilyne Massoni.
Sujet d’une grande complexité, c’est grâce à l’expertise et à la pédagogie de Martine Jolibois que ce volet souvent considéré comme rébarbatif a fortement intéressé l’ensemble des participants : « C’est pour cela que nous avons choisi Martine Jolibois qui est une personne très pragmatique, elle va directement à l’essentiel. Le souci permanent de l’Association est d’organiser des formations à destination des petites communes qui n’ont pas le staff technique, l’ingénierie, des comptables, des experts, des personnels dédiés aux finances. Personne ne fera le budget à la place du maire d’une petite commune. On se rend compte qu’il y a des fois une méconnaissance globale du dispositif et l’intérêt de ce genre de formations est d’apporter un petit mode d’emploi, des arguments pour organiser un budget. » précise Olivier Bardin.
Différents domaines ont ainsi été abordés comme les sources d’économies, les lignes budgétaires sur lesquelles un maire peut directement agir : « Pour cela, le seul moyen est de disposer de l’avis et du regard de formateurs professionnels. »
En cette période particulièrement éprouvante d’inflation, les collectivités locales doivent ainsi faire preuve de prudence et de sagesse. Les demandes d’aides sociales augmentent et pour atteindre l’équilibre budgétaire, certaines coupes seront probablement drastiques. Face à cette situation, le maire n’a que deux options : réduire les coûts partout où c’est possible et chercher de nouvelles sources de recettes. Au cours de la formation, Martine Jolibois a notamment cité pour exemple la possibilité d’équiper l’éclairage public par des LED, une opportunité permettant de réaliser pas moins de 70% d’économies sur la facture énergétique. D’autres idées peuvent être avancées avant d’avoir recours à l’augmentation de la taxe foncière.
Outre la construction du budget local, la formation s’est aussi concentrée sur son application : « Une chose est de construire, une autre est de le tenir. Nous avons expliqué les outils qui sont à disposition des élus pour leur permettre de bien appliquer leur budget et faire en sorte ainsi d’éviter les dérapages en fin d’année. » a conclu Marilyne Massoni.