Opération « 1 maire, 1 architecte » au Salon des maires
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Le Giussani montré en exemple au Salon des Maires pour la valorisation du bois corse
Un atelier s’est tenu le 22 novembre sur le stand de l’Ordre des Architectes s’est inscrit dans le cadre de l’opération « 1 maire, 1 architecte ». Il avait pour thème le développement des filières de matériaux de proximité à travers l’exemple des politiques menées dans le Giussani. Cet atelier a été animé par Sylvia Ghipponi, Présidente de l’Ordre des architectes de Corse, Dominique Villa, architecte, agence Villa Battesti, Frédéric Mariani, le maire d’Olmi Cappella et Antoine Casanova, le maire de Pioggiola. La proposition de cet atelier de référence tient d’une bonne œuvre puisque le débat doit permettre de parler à la fois de nouvelle conception de l’espace public mais aussi de logistique, de relance de filières abandonnées, d’emploi non-délocalisable. Pour y contribuer, les architectes misent sur leur savoir-faire et leur réseau avec les premiers décideurs du territoire, les maires. Le jeune maire de Pioggiola, Antoine Casanova a d’emblée, dressé un état des lieux du Giussani : « Les quatre communes du Giussani (Mausoleo, Vallica, Pioggiola et Olmi-Cappella) étaient sur le déclin, elles vivaient d’agropastoralisme. Aujourd’hui, elles se développent grâce à la culture. Cela a pu se concrétiser grâce à une idée, utopique, celle de Robin Renucci qui a su s’entourer et convaincre la population et les élus pour mener à bien le projet de l’ARIA, l’Association des Rencontres Internationales Artistiques et son pôle de formations théâtrales qui accueille tout au long de l’année des stagiaires venus du monde entier, des classes vertes et des classes d’expressions artistiques. » Frédéric Mariani, le maire d’Olmi-Cappella était là depuis les débuts, depuis la fondation de l’ARIA en 1998 : « Pour réaliser les infrastructures d’accueil et de création, il avait été décidé de faire un syndicat mixte, celui du Giussani, composé des quatre communes, du Conseil Général de la Haute-Corse, aujourd’hui remplacé par la Collectivité de Corse. Le syndicat mixte est toujours en activité et a toujours la même mission. A Olmi-Cappella, notre objectif a été de mener à bien la réhabilitation de l’établissement Battaglini qui a été achevé, il y a une quinzaine d’années. C’est un très grand bâtiment d’une superficie de 2000 m2. Le gros morceau a ensuite été de construire un théâtre sur la commune de Pioggiola. Le syndicat avait lancé ainsi un concours d’architecte. Nous avions reçu plusieurs propositions en pierres, en béton et en bois. Notre choix, à l’époque, s’était porté sur le bois car il est économiquement plus avantageux d’autant qu’il était issu en très grande partie de nos forêts de Corse. Un nouveau projet est en cours, c’est la construction d’un théâtre de verdure sur la commune de Vallica. Nous sommes dans l’attente de financements pour réaliser cette infrastructure en 2023 ou 2024.» Avec l’accueil du public et de nombreuses représentations tout au long de l’année, la politique menée par les élus locaux a permis d’inverser la tendance en matière de désertification démographique : « Cela a permis de maintenir de l’activité commerciale, de garder l’école, d’ouvrir des entreprises, de créer des emplois. » insiste Frédéric Mariani. Pour Sylvia Ghipponi : « Cet ancrage dans le territoire se ressent aussi dans le projet architectural, dans la conception de l’outil théâtral A Stazzona. »
Dominique Villa, l’architecte a souligné ses intentions au moment de concevoir ce projet d’équipement culturel : « Le projet, tel qu’il fut conçu au niveau du concours était déjà un projet assez épuré. Il était très difficile de concevoir un support qui allait servir à une activité intellectuelle, à une activité de création. Il était nécessaire d’avoir recours à une architecture qui serait quasiment invisible pour permettre de libérer le travail de conception artistique. En même temps, nous étions dans un site grandiose et nous n’avions pas envie d’avoir un bâtiment qui attire trop l’œil. Robin Renucci nous avait alerté dès le départ : « Attention, je ne veux pas que vous fassiez une bergerie mais je veux encore moins d’un OVNI ! » C’est dans cet espace d’épuration que nous avons essayé de travailler, en laissant le terrain tel qu’il était, de ne pas faire de terrassements, de préserver la châtaigneraie et de venir juste poser un bâtiment en bois. L’intégration du bâtiment se faisant uniquement par la matérialité du bois, le bois qui devient gris en hiver comme les châtaigniers et qui disparaît en été derrière les frondaisons. Nous avons travaillé dans des conditions idéales car nous étions dans une proximité directe avec les élus. Le dialogue fut merveilleux. Nous leur avons proposé à un moment de faire un projet entièrement en bois et plus particulièrement en pin Laricciu. C’est un luxe énorme et en même temps un exercice d’esthétisme qui a permis de magnifier le projet par les relations de qualité créées avec les élus. »