Pichjulellu est une Agence de communication visuelle, digitale et de conseil en politique publique. Votre particularité se situe dans l’accompagnement des collectivités locales sur le registre de l’adressage. Qu’en est-il exactement ?

Pierre Ridolfi : « Le conseil en politique publique vient du fait que nous sommes le seul partenaire officiel en Corse de la Base Adresse Locale, mise en œuvre par l’Agence Nationale de Cohésion des Territoires. Le sujet de l’adressage normé est arrivé en Corse avec l’implantation du réseau FTTH (Fibre optique jusqu’au domicile). C’était une obligation au départ pour les communes de plus de 2000 habitants pour pouvoir être raccordé à la fibre optique. Pour qu’une adresse soit normée, elle doit disposer d’un numéro de voie et d’une coordonnée GPS. Avec l’application, en 2022, de la loi 3DS, toutes les communes de France ont été mises dans l’obligation d’avoir un adressage local.

Pichjulellu propose ainsi de réaliser, de A à Z, l’adressage local pour une commune ?

Oui, nous sommes même doublement partenaire de la charte de la Base Adresse Locale, en tant qu’espace coworking à Speloncato et en tant qu’entreprise spécialisée. En premier lieu, nous contactons ainsi toutes les communes de Corse pour leur expliquer ce qu’est un adressage, quelles sont les dispositions légales, quels sont les financements dont elles peuvent bénéficier. En tant qu’entreprise, nous leur proposons ensuite de le réaliser.

Combien de communes en Corse ont déjà établi leur adressage local ?

A l’heure actuelle, 108 communes ont publié leur base d’adresse locale. Sur ces 108, Pichjulellu en a réalisé la moitié. Une commune peut réaliser elle-même ces travaux ou faire appel à un prestataire externe qui n’est pas obligé d’être labellisé par ailleurs. Notre carnet de commandes est bien rempli puisque 130 communes ont décidé de faire appel à nous pour structurer leur adressage. Autre mission, c’est la vérification. En tant que partenaire, nous devons contrôler ces adressages car il peut y avoir des erreurs, des oublis. Notre travail est de faire remonter toutes les observations aux communes en leur disant de faire attention car cela peut entrainer des conflits.

Des conflits de quel type ?

Ils peuvent être de toutes sortes. Il peut s’agir, dans un premier temps, de conflits numériques. Il faut bien comprendre que c’est une logique nouvelle surtout en Corse. Nous parlons de numéro et de nom de voies. Si j’en suis arrivé à faire de l’adressage, c’est qu’en tant qu’élu de la commune de Speloncato, j’avais indiqué à un responsable national de l’adressage local qu’au sein de notre village, la plupart des rues et des ruelles n’avaient pas de noms. C’est une situation que l’on retrouve un peu partout dans l’île. A travers cet exemple, nous avons pu faire remonter une spécificité régionale et cela nous a évité d’avoir à renommer toutes les secteurs ou encore à faire des erreurs avec la toponymie. On peut avoir aussi le problème des points GPS. S’il est effectué pour la fibre optique à la base, l’adressage est avant tout communal, c’est-à-dire qu’il doit être neutre de tous réseaux. Autrefois, quand on parlait d’adressage, on pensait simplement « boite aux lettres – poste ». L’adressage normé est, au contraire, établi pour tous les réseaux, y compris pour un particulier, ce qui lui permettra de trouver la maison qu’il cherche. La boite aux lettres peut être située au nord de la maison, l’arrivée d’eau peut être à l’ouest, la fibre optique à l’est et EDF peut-être au sud. Le point GPS doit donc être situé sur le toit de la maison car, en priorité, les pompiers, les services de secours doivent trouver directement la maison. Il y a de nombreuses techniques qui sont éprouvées pour réaliser un adressage normé en bonne et due forme.

Les particularités géographiques, l’aménagement territorial de l’île ont donc fait évoluer les procédures ?

Exactement. Nos observations ont été reprises au niveau national. Plusieurs mises à jour ont d’ailleurs été effectuées. En plus du numéro, du nom de la voie et des coordonnées GPS, nous avons rajouté l’adresse cadastrale. Cet ajout permet ainsi à tous les services de l’Etat de récupérer les données de l’adressage.

Si l’on doit résumer, l’adressage est une vraie plus-value ?

Oui mais j’attire l’attention sur le fait que cela n’en constitue pas une révolution. Le vrai intérêt est que cela va faciliter les interventions des services de secours. L’autre intérêt est aussi patrimonial. C’est une sauvegarde toponymique que nous faisons. On peut, à présent, sauvegarder tous les lieux dits d’une commune, y compris ceux qui ne sont pas utilisables. Le Comité de Massif, qui finance à 80% l’adressage, est favorable à ce système. Nous sommes parvenus, aussi, à faire entendre au niveau national, la spécificité de la langue corse.

SARL Pichjulellu

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