Des auditeurs insulaires présents à la septième session de formation du Sénat

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Des auditeurs insulaires présents à la septième session de formation du Sénat

Depuis le mois de mars, l'Institut du Sénat a mis en œuvre sa septième session de formation qui pour mission de faire découvrir la démocratie parlementaire et le bicamérisme à une vingtaine de citoyens de tous horizons professionnels et géographiques. Les auditeurs de 23 départements ont été sélectionnés à l’issue d’une sélection et parmi eux, trois insulaires dont Olivier Bardin, le directeur de l’Association des Maires de la Haute-Corse qui nous dévoile les coulisses du Palais du Luxembourg.

En toute modestie relative, les auditeurs de la promotion 2024 seront un peu les futurs ambassadeurs du Sénat dans leurs départements respectifs. Pour cette septième session, 27 candidats ont l’opportunité exceptionnelle de découvrir les missions du Parlement, de vivre le quotidien des sénateurs et des personnels de la Chambre Haute et de rencontrer des constitutionnalistes et de nombreux experts du processus législatif. Débutant au mois de mars pour se clôturer à la fin juin, cette formation est articulée autour de six séquences très variées permettant une immersion pleine et entière au cœur des pouvoirs publics de la vie nationale. L’expérience s’avère totalement exceptionnelle pour Olivier Bardin : “C’est d’une diversité extraordinaire ! Nous
avons abordé le fonctionnement des groupes parlementaires, l’élaboration de la loi, les réunions de commissions, les questions au Gouvernement, le travail de la commission des affaires européennes, de la commission des finances, le rôle de contrôle, l’initiative parlementaire et récemment le
quotidien d’un Sénateur dans sa circonscription… Enfin, il y a aussi toute la mécanique du fonctionnement d’une séance, de qui fait quoi, de qui rédige quoi, de la possibilité de proposer des amendements, etc. C’est une mécanique très fine, très subtile mise en œuvre par des gens d’une compétence absolument incroyable.”

Les dernières séquences de formation concerneront la découverte des corps constitutionnels comme la Cour des Comptes, la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat : « Nous avons aussi visité l’Assemblée nationale. A chaque fois, il a été mis en relief l’articulation entre les institutions qui fonctionne, en réalité, de manière très harmonieuse et surtout pas au Sénat. C’est même très étonnant de voir à quel point les différents groupes parlementaires
travaillent en bonne intelligence. Il n’y a pas au Sénat les aboiements que l’on peut avoir à l’Assemblée nationale. Ce travail en bonne intelligence s’explique par la représentation sénatoriale qui est très différente d’une part de la représentation des députés. Il y a aujourd’hui beaucoup d’élus
d’extrême gauche ou d’extrême droite à l’Assemblée nationale qu’il n’y a pas au Sénat en raison du mode de scrutin. Le fait que cela soit des grands électeurs précise la nécessité d’avoir des élus reconnus et validés par leurs pairs. Du coup, il est beaucoup plus difficile d’être élu pour une personne
issue d’un parti extrême ou groupusculaire. »

Ce voyage d’études décliné en six étapes revêt avant tout une dimension humaine : « La première des choses qui m’a fortement marquée a été la qualité du personnel de ces institutions. On y trouve beaucoup de jeunes. Par exemple, au sein de la commission des finances qui est la plus importante du
Sénat, l’administratrice la plus âgée n’a pas quarante ans. Autre point très intéressant, c’est qu’il y a une mobilité qui est obligatoire. Les personnels du Sénat sont obligés de passer dans différents postes, différentes commissions, ce qui leur permet de disposer d’une compétence transversale vraiment extraordinaire. Ils ne sont pas cantonnés toute leur existence dans l’exercice d’une seule mission. Ce potentiel humain est remarquable et les plus hauts gradés n’ont pas été bombardés à ces postes directement, ils ont d’abord franchi, un à un, tous les échelons au sein du Sénat. »

La grande surprise pour chacun des auditeurs a été également la qualité de l’accueil réservé : « Nous avons été accueillis à chaque fois par des gens de très haut niveau, le Président du Sénat, le vice-président du Sénat, le Secrétaire général, le Directeur général du Sénat, le Directeur Général Adjoint,
les secrétaires généraux de groupes politiques, de nombreux Sénateurs, des Constitutionnalistes, des Universitaires. Ils nous ont consacré un vrai temps alors que ces personnes n’ont pas le temps…

Nous n’avons pas eu de désistement. La prise en charge a été d’une qualité extraordinaire. Autre élément de découverte, la complexité du processus législatif, le nombre de mains talentueuses entre lesquelles passe un texte de loi même le plus anodin… » Chez les auditeurs, tous sont persuadés de l’intérêt d’une institution comme le Sénat pour faire vivre la démocratie : « Il y a eu des velléités dans l’histoire pour supprimer le bicamérisme. Nous avons observé, ces derniers temps, avec des configurations particulières d’un gouvernement un peu néophyte avec des députés un peu néophytes
aussi que le rôle du Sénat en termes d’ingénierie, d’appui technique pour la réalisation des lois a été crucial. On l’a vu également en termes de missions de contrôle sur McKinsey, sur le COVID, sur Benalla et on peut imaginer demain, dans un contexte politique plus compliqué, à quel point, il est important
de conserver, de préserver ce pouvoir de contrôle. Le contrôle, c’est par exemple, le Président de la commission des finances qui débarque à l’improviste à Bercy pour relever toutes les synthèses et les notes de service concernant le montant de la dette !

La maîtrise technique des institutions au Sénat est sans commune mesure. Pascale Gruny, une des Sénatrices remarquables que nous avons rencontrées, a été, tour à tour, Députée, Députée européenne, Sénatrice… La personne qui s’occupe de l’Institut du Sénat a été Sénateur plusieurs fois, il est questeur du Sénat et il a été aussi Président du Conseil Général de son département. Ces gens ont une connaissance des institutions mais aussi de la gestion des problèmes car ils ont l’historique de ces problèmes. Ce sont des personnalités qui sont en politique depuis 15, 20 ou 30 ans. On peut railler l’âge d’un sénateur mais l’âge c’est aussi l’expérience engrangée au fil des mandats. On l’a vu lors d’épisodes difficiles comme le COVID que les
gens néophytes étaient inaptes à nous sortir des périodes de crise. »

Au-delà des aspects techniques sur la fabrique de la loi, il y a aussi l’histoire, la grande, celle qui dépasse tous les sentiments, la sensation d’entrer, à chaque reprise, dans un édifice concentrant une vieille atmosphère… Sous les ors de la République, lustres et tableaux participent à faire revivre les
âmes qui ont fréquenté ces lieux par Marie de Médicis, Philippe d’Orléans et qui abrite le trône de Napoléon 1 er  : « Le Palais du Luxembourg est chargé d’histoire, sans parler de la bibliothèque Médicis. Ce sont des lieux où se sont décidé des choses absolument majeures dans notre histoire. On mesure
aussi l’intelligence qui est mise en œuvre dans cet univers que la France est un grand pays. Cela rend assez humble par rapport à la compétence nécessaire. Il y a du travail, il y a de l’intelligence, il y a de l’expérience, il y a de l’histoire, il y a de la compétence. Avec au Sénat, un petit supplément d’âme et la recherche permanente du consensus. Le Sénat n’est pas dans la recherche systématique du buzz, seul compte le travail de fond. »